Le Monde du 25 juin relaye une étude scientifique de la plus haute importance, menée par un groupe de 50 scientifiques de 15 nationalités, alarmés par l’observation frappante de la diminution des insectes (Le TFSP). Après cinq ans de recherche, le groupe dénonce le rôle certain des pesticides systémiques dans l’érosion globale de la biodiversité.
L’étude permet de faire le lien entre l’arrivée des pesticides dits « néonicotinoïdes » mis sur le marché dans les années 90 et le déclin accéléré de toutes les espèces d’insectes à partir de cette période.
Cette nouvelle génération de molécules, de 5.000 à 10.000 fois plus toxiques que le célèbre DDT, représente 40 % du marché mondial des insecticides agricoles et représente un marché de plus de 2.6 milliards de dollars. Ces produits sont non seulement appliqués en pulvérisation mais sont aussi utilisés en traitement des sols et en enrobage des semences, à titre préventif. Or, 90 % du produit n’est pas absorbé par les plantes au cours d’une seule saison végétative. Le produit s’accumule dans les sols où il persiste plusieurs mois, voire plusieurs années. Hautement soluble dans l’eau, il contamine également des zones n’ayant pas été traitées !
Pour les experts du TFSP, cette contamination à large échelle est un élément déterminant dans le déclin des abeilles et joue un rôle irréfutable dans celui des bourdons. L’effondrement des abeilles domestiques n’est que la partie visible de ce phénomène aux conséquences considérables pour l’ensemble des écosystèmes. Le déclin en cours de l’ensemble de l’entomofaune (partie de la faune constituée par les insectes), représente pour ce groupe d’experts un « effondrement brutal ».
Les populations de papillons en Europe ont été réduites de moitié en vingt ans ! Le déclin des insectes, c’est aussi le déclin des oiseaux, dont plus de la moitié sont insectivores. On observe une perte de 52 % des oiseaux des champs depuis ces trois décennies ! Les micro-organismes et les lombrics, animaux essentiels au maintien de la fertilité des sols, sont aussi affectés .
Ce déclin représente une menace très grave pour la productivité de notre environnement agricole et naturel. Loin de sécuriser la production alimentaire, l’utilisation de ces insecticides met en péril les polinisateurs qui la rendent possible.
Comment est-il possible que des effets d’une telle gravité aient pu demeurer si longtemps négligés par les autorités sanitaires ? Quelques pistes de réponse : la recherche en agronomie est sous la tutelle des pouvoirs publics qui sont généralement soucieux de ne pas gêner l’activité économique et donc l’emploi ; ces substances n’étant pas directement nuisibles pour l’homme, les agences de sécurité sanitaire ne s’en sont guère préoccupées.
Que faire ?
• Refuser catégoriquement de consommer des produits issus d’une agriculture irresponsable
• Consommer des produits issus de l’agriculture biologique
• Encourager le développement de l’agriculture biologique (GASAP, Terre de Liens…)
• Ne jamais utiliser d’insecticides dans les jardins
• Interpeller massivement les pouvoirs publics pour interdire l’utilisation de ces produits
• Soutenir des associations comme Via Campesina, Nature et Progrès qui luttent depuis longtemps pour maintenir une agriculture durable.